Author Archives: Didier Perrin

Le Père Noël a déménagé

La fin de l’année avait été exténuante. J’ai fermé la porte de mon entreprise et je suis parti à Rovaniemi.

A peine arrivé, je vois dans la rue un couple aux couvre-chefs insolites : Madame porte un bonnet péruvien illuminé de petites étoiles clignotantes et Monsieur une chapka aux couleurs de l’Union Jack. C’est sûr, c’est à eux qu’il faut que je le demande.

- Bonjour. Je cherche le Père Noël.

- Le Père Noël ? Mais il nous a quitté il y a quelque temps !

- Mais comment est-ce possible ? On le dit pourtant habiter ici, à Rovaniemi.

- D’où venez-vous donc ? La France ? Ah, c’est un pays magnifique ! Les gens sont si charmants, il y a tant à faire, tant de régions et de villes à visiter. Nous regrettons de ne pas pouvoir y aller plus souvent.

En ce moment, me dis-je intérieurement, il faut avoir un bon prisme pour y déceler des couleurs ! Ce couple n’a sans doute pas entendu parler des grèves qui affectent les transports et rendent la vie impossible.

Le couple aux couvre-chefs insolites se tient devant moi, surpris de mon silence, attendant probablement que mes rêveries s’achèvent pour reprendre la conversation.

- Ah oui, la France…

Il ne faut pas que je perde le fil.

- Mais où le Père Noël est-il donc parti ?

- Il a aussi une résidence secondaire. Et il est curieux que vous ne le sachiez pas, c’est précisément à Paris !

Le Monsieur m’invite à entrer dans la boutique la plus proche pour se protéger du froid intense, sort un petit bout de papier de sa poche, emprunte un stylo à la vendeuse, écrit quelque chose, et me tend le bout de papier.

- Voici son adresse !

Sur le bout de papier, je peux lire : 123, rue Noël.

Retour à Paris.

Il y a bien une rue Noël-Bellay à Paris, mais pas de rue Noël. En revanche, plusieurs villes alentour affichent une rue Noël. Aucune hésitation, j’y vais. Cette période de fin d’année a redonné un semblant de fluidité aux transports.

A la première adresse, un terrain fraîchement nettoyé, sur lequel ont été plantés de tout jeunes sapins. A la seconde, un sol bétonné peint d’un blanc éblouissant. Mais toujours pas de Père Noël.

J’arrête là mes pérégrinations. Et je décide d’écrire au Père Noël à Rovaniemi.

Quelques semaines plus tard, je trouve dans ma boîte aux lettres une curieuse enveloppe ornée de l’Union Jack avec un sceau de cire en forme de chapka. Je l’ouvre immédiatement.

« Très cher hôte français venu sur nos terres à Rovaniemi, merci de ne pas oublier que le Père Noël, c’est pour les enfants ! », voilà ce que me répond Joulupukki, cousin du Père Noël.

Je me dis que c’est finalement une bonne chose. Y avoir cru m’a fait voyager et a enclenché une nouvelle dynamique. Et être rappelé vertement à la réalité me ramène à mon entreprise.

Voici donc ce que je vous souhaite pour 2020 : croire en vos projets avec de la passion, de l’envergure, de l’insolite, et y mettre le bon dosage de réalité pour les faire aboutir.

Finalement, le Père Noël habite bien chez chacun d’entre nous !

Excellente année 2020.

Didier Perrin

2019 : le retour de celle qui voit loin (1)

Takall avait intégré la brigade des Fades Rumeurs (2) un mois plus tôt. C’était son premier matin sur le terrain avec Karchall, un Fade Rumeur de niveau 3. Karchall avait la réputation de ne jamais rater ses missions.

Ils venaient tous deux de quitter leur hotte mobile et entraient dans la sonde de leur Chef Bigall, pour prendre leurs instructions. « Voici le topo, les gars! ». Bigall avait gardé du passé certaines expressions qui pouvaient au premier abord lui donner un côté sympathique, mais on découvrait très vite sa vraie nature autoritaire et manipulatrice.

Bigall leur apprit que de nombreux informateurs faisaient état d’Europleasants (3) en mouvement au Royaume. Ces Europleasants voulaient s’opposer à tout prix au Royexit (4) et préparaient visiblement des actions coups-de-poing dans tout le Royaume.

L’idée du Royexit avait germé quelques années plus tôt. Personne ne savait plus très bien pourquoi d’ailleurs.

Le Royexit était désormais promu par l’Ordre des Diviseurs, qui y voyait l’exemple à suivre pour cantonner les Europleasants dans des territoires morcelés, qui perdraient ainsi petit à petit de leur libre arbitre, de leur rayonnement, de leurs valeurs et de leur capacité à se développer.

L’Ordre des Diviseurs s’était considérablement renforcé avec la prise de pouvoir du Général Pmurt sur le continent américain. Pmurt était arrivé au pouvoir en s’appuyant sur un slogan improbable : « Make our Fadnet great again ! » Et ça avait marché ! Ce n’était pourtant que pure illusion, mais on préfère parfois croire plutôt que de se prendre en main sur un chemin ardu, que l’on gravit pierre après pierre, et qui finit par fabriquer cohésion et fierté.

Le 21 janvier de cette année 2019 (5), les astres s’étaient aussi invités dans cette guerre entre les Europleasants et l’Ordre des Diviseurs : la Lune avait été complètement éclipsée sur le continent américain. Un phénomène naturel, qui avait pris une dimension symbolique.

Pmurt avait tweeté avec une attention à la nature inhabituelle venant de lui : « And all these crazy Europleasants will say it is because of the climate change ! ».

« Make our moon light again ! », avaient répondu avec humour les Europleasants, en piratant bon nombre d’écrans officiels pour afficher ce message.

Et cet épisode de la Lune avait été le signal de la reconquête pour les Europleasants, qui multipliaient depuis les initiatives de combat contre l’Ordre des Diviseurs.

Karchall s’assurait que Takall avait bien intégré la mission : « Tu as bien compris Takall, nous devons procéder au retrait (6) d’Europe, la meneuse des Europleasants. Elle a été localisée là où doit se tenir le premier grand meeting des eurolections (7). On sait peu de choses d’Europe, si ce n’est qu’elle est très discrète, fort cultivée et souvent indécise. Elle est aussi loin de ses troupes et partagée entre les différents peuples au nom desquels elle combat, ce qui nous donne un réel avantage. »

Takall est mal à l’aise avec cette mission. Il a bien connu Europe jeune et elle ne souffrait pas alors de ce manque d’ambition et d’écoute. Et elle était pleine de projets. Takall se demande comment elle a pu en arriver à une certaine inertie et il a conscience que c’est ce qui la discrédite auprès d’une partie de ses peuples.

Au fond de lui, Takall sait qu’elle peut se ressaisir et porter à nouveau ce qu’elle veut construire depuis toujours : une histoire de développement où l’homme a pleinement sa place et où les arts et les sciences, où le social et l’économique se répondent pour le servir.

Finalement, Takall n’est pas si sûr de continuer cette mission comme on l’attend de lui… Il se souvient du pétillant des beaux yeux d’Europe. Et il se dit qu’Europe pourrait bien redevenir celle qui a de grands yeux, celle qui voit loin, et qui éclaire.

Et Takall attend avec impatience le moment où il va rentrer chez lui, pour remiser sa combinaison de Fade Rumeur et ressortir sa vieille tenue d’Europleasant. Cette tenue d’Europleasant, il la nettoyera, et il la portera avec fierté pour retrouver des combats qui en sont dignes.

Ce sont les convictions qui font les bonnes années.

Alors bonne année 2019.

Didier Perrin

 

NB : si vous souhaitez partagez vos convictions, avec mesure et respect, n’hésitez pas à le faire sur ce blog.

 

Les renvois sont en référence à :

(1) Europe, dans la mythologie grecque, est une princesse dont le nom associe « large » et « vue » par éthymologie

(2) Blade Runner, film de Ridley Scott dont l’action se déroule en 2019

(3) Replicants dans le film Blade Runner

(4) Le Brexit est susceptible d’intervenir le 30 mars 2019

(5) Eclipse totale de la Lune, notamment sur le continent américain

(6) Dans le film Blade Runner, un « retrait » consiste en l’élimination d’un replicant

(7) Les élections au Parlement Européen auront lieu entre le 23 et le 26 mai 2019

J’ai trouvé le temps long

Serge sort de cette conférence avec des maximes plein la tête : « L’art est long et le temps est court », « Ce qui marche et qui passe, ce sont les hommes et les choses qui les entourent ; le temps quant à lui reste immobile », « L’instantanéité est illusion, la durée est fondation ».

Tous ces mots s’entrechoquent en lui, il n’arrive pas encore à en reconstituer le puzzle mais il a l’intuition qu’un nouveau chemin est en train de se dessiner.

Il repense à cette fin de semaine passée où il a décidé de s’extraire de cette instantanéité permanente.

Son mobile n’arrêtait pas de biper : le dernier tweet de Trump, toujours aussi outrancier, le snap de Suzanne, de fait le 27e de la journée, le LinkedIn de Simon, le texto d’Amazon pour lui rappeler la mise à disposition de son colis à la conciergerie en bas de chez lui.

Et puis des mails en continu, pas moins de 113 dans la seule journée de vendredi.

Sans compter avec toutes ces réunions qui se sont enchaînées les unes après les autres.

Curieusement, le mobile n’avait pas sonné depuis 2 heures avant qu’il ne s’aperçoive qu’il l’avait mis par inadvertance sur silence total…

La Direction de la transformation lui avait demandé de lui présenter pour le lundi suivant le projet «  Relève ».

La relève, voilà ce qui serait bienvenu le concernant !

Car enfin, où était donc l’essentiel dans tout cela? Et comment le cultiver dans ce tourbillon incessant de sollicitations ?

C’est à cet instant précis qu’il trouve l’insta de Marion. Marion le sait en questionnement en ce moment. Alors, lorsqu’elle a vu que Sami Hisgood donnait une conférence TEDx, elle a tout de suite pensé à Serge : « Mon temps, long temps, ou comment j’ai arrêté de subir le temps des autres ».

Quand il prend connaissance du titre de la conférence, il sourit : il a déjà participé à ces conférences TEDx, beaucoup d’égo, certes agrémenté d’éloquence, mais peu d’intérêt au fond.

Cela dit, c’est Marion qui lui envoie, ça mérite réflexion…

Le voici donc dans ses pensées à l’issue de cette conférence. Il doit retrouver Marion d’ici une demi-heure au Time’s short, leur bar favori. Time’s short, il n’avait jamais fait le lien auparavant. Time’s short, n’est-ce pas à court de temps? C’est précisément ce qu’il ressent.

Finalement Sami Hisgood n’en a pas trop fait et le fait réfléchir. Il faut sortir de cette instantanéité pour revenir à l’essentiel.

Et pourquoi n’appliquerait-il pas aussi cette logique au projet de transformation « Relève » : ce n’est pas sur un rythme imposé qu’il faut partir.

C’est sur le rythme du marché qu’il faut s’appuyer, ça lui semble désormais une évidence. Et d’ailleurs, quand il regarde le marché, il voit plein d’initiatives déjà abouties ou en gestation qui ressemblent à ce qu’il veut faire. Et ça pourra même sans doute aller encore plus vite qu’un rythme imposé en interne.

Il tient son fil rouge pour la présentation !

Quant à lui, il a compris qu’il devait se replacer dans le temps long. Ce qui n’empêche pas l’instantané ni le futile qui ont leur côté plaisant et dynamisant.

Mais construire, c’est long, former c’est long, transformer c’est long, innover c’est long, écouter c’est long…

Et ne pas l’accepter c’est probablement perdre la main sur la maîtrise du calendrier.

Serge a retrouvé un peu de sérénité.

Et c’est avec joie qu’il s’apprête à passer du temps avec Marion, qu’il espère le plus long possible.

2018 : « chacun ira où il voudra et y demeurera aussi longtemps qu’il lui plaira »

Alain n’avait pas hésité à détourner la citation de Stefan Zweig et s’en amusait.

Oui, bien sûr, depuis la fin de la première guerre mondiale, cette utopie de la libre circulation des hommes sur la planète n’avait cessé de s’éloigner. Et l’histoire récente et dramatique, avec ses exigences renforcées de sécurité, ne faisait que la repousser plus loin encore.

Qui revendiquerait aujourd’hui de pouvoir prendre l’avion sans un passeport ? Qui prétendrait à un travail en refusant de présenter une pièce d’identité ?

Mais Alain savait aussi combien il pouvait parler tous les jours avec sa fille Léonie installée au Japon en se connectant sur HighChat.

Et il n’oubliait jamais avec quelle rapidité et avec quelle facilité il avait monté son business sur internet avec sa startup ColourIsYours.

Tandis que des champs d’actions s’amenuisent, d’autres s’ouvrent, et d’autres encore inimaginés vont voir le jour.

Alors, que 2018 soit pour vous aussi, l’occasion de nouveaux chemins plein d’inattendu, de pugnacité, de développement et de créativité.

Excellente année 2018.

Didier Perrin

Speed recruiting : VeryBigUnited vs JobEasyUp !

Aline vient de retrouver son amie Léa au café Bien A Table après sa journée de travail et elle laisse sortir son incompréhension et sa colère.

« Je ne me reconnais plus dans mon entreprise. Où sont passés cette convivialité, cette énergie pour aller de l’avant, ce projet d’équipe ? Tout ce qui m’avait convaincue il y a 7 ans ? »

« Tout est devenu compliqué, long, contraignant, des tableaux à remplir constamment, des sollicitations administratives sans fin, des circuits de validation décourageants, des embauches impossibles ou au compte-gouttes. »

« Et puis ces réorganisations dans tous les sens, à quoi bon, ça ne change rien fondamentalement, ça nous fait perdre du temps, on finit par en oublier nos clients, tout ça pour gagner quoi, quelques postes, et on ne pouvait pas les ouvrir au commerce ces postes ? »

Aujourd’hui, à son travail, il n’a été question pour Aline que de ce nouveau plan de restructuration engagé chez VeryBigUnited : incompréhensible et sans perspective !

Alors qu’elle a plein d’idées, d’initiatives, d’énergie à donner et qu’elle se voit faire du sur place.

« Écoute Aline », lui dit Léa, « si tu peux, prends ta journée de mardi et vient la passer avec moi chez JobEasyUp ! ».

JobEasyUp, c’est une toute jeune entreprise qui veut bousculer les logiques de recrutement, avec un cocktail composé de big data, de jeux de rôle, de vis ma vie et de garantie de rapidité de décision. Et ça marche !

Le mardi suivant, Aline arrive devant les locaux de JobEasyUp au 15 rue du Cherchétrouve. Pas de sonnette anonyme, pas de bureau d’accueil. Elle distingue à l’intérieur, à travers le logo de JobEasyUp plaqué sur la baie vitrée, un grand espace ouvert où circulent et échangent les équipes. Il lui suffit d’entrer.

« Bonjour, est ce que je peux vous renseigner ? », lui demande Paul. « Vous cherchez Léa ? Oui, bien sûr, suivez-moi, je vais vous conduire à elle. »

« Vous rejoignez son équipe ? », poursuit Paul.

Aline est surprise. « Euh, non, je viens simplement la voir. »

« Bonne nouvelle, car chez JobEasyUp, on aime bien les choses simples ! Et vous savez, pour beaucoup ici, la première visite s’est transformée en projet commun, et parfois dès le jour même. »

« Ah bon ? », interroge Aline.

« Oui, on ne peut pas prétendre être des facilitateurs de recrutement, et ne pas s’appliquer les valeurs qu’on défend à soi-même. »

« Ici, vous pouvez dans la même journée, enregistrer une vidéo de présentation, entrer dans un jeu de rôle en face à face ou en ligne, être en échange professionnel ou en entretien, rencontrer Gilles le référent recrutement, et Steeve l’un des co-fondateurs, pour finalement vous voir proposer une collaboration dans la foulée ! ».

« Et voici Léa, je vous laisse avec elle. Bonne journée. »

« Merci pour votre accueil. », lui répond Aline.

Léa accueille Aline avec un grand sourire. « Bonjour Aline, ça me fait plaisir que tu aies accepté de passer cette journée chez nous. Viens, on va prendre un café. »

Alors qu’Aline suit Léa, elle s’imprègne de l’agitation naturelle et énergisante des équipes. Et elle remarque enfin toutes les alcôves de travail latérales isolées du bruit ambiant, les multiples stations en ligne, les salles de réunion compactes, les points de visio-conversation, ainsi que les espaces de réunion informelle disséminés un peu partout.

Aline a retrouvé le sourire : « Dis-moi, Léa, comment c’est possible, cet état d’esprit au travail ? »

« Bon, je vais t’expliquer tout çà ! », lui dit Léa.

Et avant que Léa ait pu commencer, Aline poursuit par une autre question : « Dis donc, j’ai été remarquablement bien accueillie en arrivant. Tu peux me dire qui m’a amenée à toi ? »

« C’est Paul, l’un des co-fondateur. »

Didier Perrin

NB : Comme il se doit, cette histoire relève de la fiction. Si vous y trouvez toutefois des similitudes avec votre vécu, n’hésitez pas à réagir !

2017 : Vous, Président !

Pascal s’était laissé convaincre par Hafi de se rendre au meeting du Parc des Expositions. Et il ne le regrettait pas, lui qui s’était toujours montré méfiant vis-à-vis de la politique.

Il se sentait pour une fois en écho avec cet appel à l’action qu’il entendait à la tribune et qui sortait des codes conventionnels et usés de la politique.

«  Il y a plus de 70 ans, les atrocités totalitaires et la guerre ravageaient l’Europe. Il y a 85 ans, la crise économique issue de 1929 précarisait des milliers de personnes. Il y a 100 ans, la boucherie humaine faisait rage dans l’Est de la France. »

« Et tout cela, si nous savons que c’est le passé, c’est aussi pour partie notre présent en Europe ou aux portes de l’Europe.

Il n’y aura ni homme ni femme providentiels.

Il n’y aura que la volonté de ne pas laisser notre futur au hasard ou à l’abandon : chacun d’entre nous peut faire le choix d’être acteur de ce qui est à construire ensemble.

En osant dépasser ces certitudes désormais caduques de paix, de développement et de confort qui ont pu être les nôtres au cours des dernières décennies.

L’Histoire se répète, il ne tient qu’à nous qu’elle se répète pour sa grandeur, ses histoires réussies et ses aventures collectives. »

C’est bien ainsi que Pascal voulait s’engager dans cette nouvelle année 2017 : des actions au quotidien dans la conscience des dangers et dans le refus des illusions.

Alors nous vous souhaitons pour cette année 2017 que vous montiez à la tribune pour témoigner de vos actions, de vos projets, de vos envies, de vos réussites, de vos combats…

Vous, Président !

Didier Perrin

PS : n’hésitez pas à réagir à ces vœux militants et à vous engager !

A la conquête du monde où le travail a disparu

Artenia ressent toujours de l’émotion quand elle se souvient de cette soirée de ses 14 ans le 5 mai 2021 : un soleil brûlant avait brillé toute la journée, avec une température caniculaire pour un début mai, situation impensable à l’époque bien que courante aujourd’hui.

Ses parents lui avaient offert l’un des premiers i-cones, une petite bague électronique qu’elle avait passée avec jubilation à sa main, et qui était couplée à une petite lentille écran couvrant son œil.

Elle pouvait converser avec son i-cone, qui s’exécutait instantanément : établir la liaison avec son amie Tarna, l’alerter sur son niveau de sucre dans le sang, dicter et envoyer les réponses à son questionnaire d’anglais, visionner et commenter la dernière e-série en simultané avec son ami chinois Liko rencontré sur Callformusy… Une liberté incomparable.

Son frère Kalis, de 6 ans son aîné, venait de signer un nouveau contrat à durée flexible pour Brightdata, la startup devenue experte dans l’analyse des flux 5G.

Kalis pouvait décider de faire varier son niveau d’activité d’une semaine sur l’autre, il l’exerçait connecté depuis n’importe où via la 5G, et aussi depuis des hotspots professionnels ultra haut débit.

Son équipe et lui échangeaient quotidiennement via Facework, et ils se retrouvaient tous régulièrement à Stockholm, Madrid ou chez l’un d’entre eux pour échanger sur la multitude de projets qu’ils développaient.

Artenia se souvient aussi de ce message hologrammique reçu de son ami chinois Liko quelques années plus tard : « ça y est, Artenia, Moyocar vient de démarrer Moyobull à Shingshai ! ».

Moyobull, que l’on voyait très bien en arrière-plan de l’hologramme de Liko, c’était la première plateforme-machine dotée en intelligence artificielle qui la rendait totalement autonome pour la conception, la production et la vente de véhicules électriques sans conducteur.

Les commandes, complètement personnalisables, étaient passées sur le Supernet et livrées par Masterdrone en des temps records.

Seules quelques opérations d’orientations stratégiques de la conception et les prix de ventes faisaient l’objet d’interventions humaines, de même que les alertes de niveau 5, pour des défauts irréversibles de production ou de maintenance.

Elle se dit qu’elle n’avait pas vraiment conscience alors de cette révolution en marche qui allait tout changer. Ce n’est qu’en 2042 que l’évidence lui apparut : cette année-là, la part des activités quaternaires dans l’économie (activités ne nécessitant plus aucune intervention humaine) dépassa celles des activités tertiaires et le chômage salarié atteignait plus de 50% dans certaines régions de la planète.

Nombre de ses amis laissaient leurs jobs désormais remplis par des robots ou des programmes intelligents : Juliana, dans l’assistance juridique, Jérôme dans l’expertise comptable, Léonie dans la banque.

La Scandinavie, le Canada, la Suisse avaient dès la fin des années 2020 anticipé cette nouvelle révolution de la « fin » du travail en mettant en place un revenu universel, indépendant de toute activité professionnelle et venant se substituer à toutes les aides sociales.

En parallèle, la généralisation des énergies renouvelables et des bio-énergies allaient fortement réduire la facture énergétique. Le système de santé s’était invité à domicile et avait redonné leurs places aux centres de soins locaux automatisés. Et la taxation des machines, des programmes et des flux d’informations remplaçaient les taxes sur le travail.

Dans ces pays, l’activité commerciale avait explosée, prenant des formes multiples, y compris l’échange de biens et de services. Le bénévolat était devenu aussi présent que l’activité rémunérée, les réseaux associatifs et collaboratifs s’étaient développés.

L’éducation et la formation étaient sorties de leurs formats centralisés et monolithiques et s’étaient rendues accessibles à tous et à tout âge, en utilisant largement l’apprentissage en situation virtuelle, des échanges individuels avec des coaches et des sessions de groupe via NetTeach. Enfin, le politique avait redonné le pouvoir au local.

Aujourd’hui, à l’aube du 22e siècle, du haut de ses 93 ans, Artenia n’en revenait toujours pas d’avoir vécu ce siècle où tant de choses avaient changé si vite et où le « vieux » travail avait disparu. Des machines partout, des programmes partout, des assistances partout, et paradoxalement ce lien renforcé d’activités et de services entre les hommes.

Artenia, était là, pleine de joie avec ses petits-enfants, tandis qu’elle leur racontait l’histoire de Moyobull.

Et elle avait au fond d’elle un seul regret : celui de ne pas avoir à connaître ce que serait le prochain siècle !

Didier Perrin

PS : n’hésitez pas à réagir à ce mail en retour, toutes les histoires s’emboîtant dans celle-ci seront les bienvenues!

2016 : 366 jours en énergie durable !

Comme chaque matin, avant de s’engouffrer dans la bouche de métro, Claude s’arrête devant le kiosque à journaux et balaye du regard les titres de la presse. En cette nouvelle année, il prend un peu plus de temps que d’habitude. « Ce qui vous attend en 2016 ! » « 2015 année noire, 2016 année d’or ? » « 2016 : les leçons seront-elles tirées ? » « 2016 : le rebond ? ».

Ces titres de presse le laissent perplexe. Tout le monde sait que l’année 2015 a été très douloureuse : aucune mémoire ne peut oublier toutes ces vies fauchées à Paris. La France s’est retrouvée face à elle-même, incrédule, incertaine, anesthésiée. Et aussi digne, combative, intelligente. Mais les chemins ne sont pas tracés, chacun pressent qu’ils seront longs, l’histoire reste à écrire.

L’économie est quant à elle moribonde. Depuis 30 ans, le chômage n’est que ponctuellement descendu en dessous de 8% et il atteint son plus haut. Les discours récurrents et les engagements répétés ont perdu de leur crédibilité. Aussi les projections pour 2016 n’en sont-elles que plus relatives !

Claude choisit donc de ne pas lire la presse ce matin. Il ne peut toutefois se résoudre à rester passif et à attendre. Et il se dit qu’une année bissextile, c’est un signe ! Ce n’est bien sûr qu’un jour de plus, et pourtant, si on ramène tout au jour, ça change tout.

Alors Claude imagine 15 min par jour à apprendre une langue, ou 15 min par jour à monter un nouveau business, ou 15 min par jour à écouter des clients, ou 15 min par jour à contribuer à un réseau associatif, ou 15 min par jour à faire avancer ce projet auquel il croit, ou 15 min par jour à blogger en militant sur internet, ou 15 min par jour à…

Sur la totalité de 2016, cela représente une petite centaine d’heures, soit 3 petites semaines ouvrées…

Et, se dit Claude, ce qui est sûr, c’est que ça ne dépend que de soi !

Et voilà comment écrire chacun le petit bout de cette histoire qui est devant nous et qui commence maintenant !

Alors, ces 366 jours de 2016, ils sont à vous, vous allez les apprécier, et ils constitueront l’un après l’autre cette excellente année 2016 que vous aurez choisie ! Et que je vous souhaite pleine de nouveautés et de différences !

A très bientôt.

Didier Perrin

PS : N’hésitez pas à répondre ou à réagir à ces vœux en postant un commentaire sur ce blog.

Moi, Président…

En se réveillant à 5h en ce matin du 14 juillet, François pense à cette cérémonie qui l’attend. Chaque année, elle rappelle que la France reste ce pays qui a toujours eu ce rayonnement et cette volonté à l’international, choses qu’elle semble avoir tant de mal aujourd’hui à mettre en pratique sur son propre sol.

François se voit déjà dans la tribune sous la grande aile bleu blanc rouge face à la perspective des Champs-Élysées qui rend le futur plus prometteur…

Et tout à coup, alors que lui reviennent en mémoire ces bons mots sur le changement, il est emporté et aspiré dans un tourbillon. Il est sûr de ne pas perdre conscience, mais n’arrive plus à comprendre ce qui l’entoure, jusqu’à ce qu’il se retrouve dans une pièce au design moderne et presque familière.

Avec prudence, il jette un œil par la fenêtre et peut lire le nom de « Bougeais » sur le fronton de ce qui a tout lieu d’être la mairie. Il croit aussi distinguer cette devise : « Demain, c’est aujourd’hui ! ». Alors qu’il réfléchit à cette devise finalement fort bien inspirée, son fils ouvre la porte.

« Papa ? Bonjour, je suis surpris de te voir ici ! »

« Mais, où étais tu à cette heure ? »

« J’étais chez des amis à environ 40 km, je suis rentré avec AppPop. »

« Ah ! »

« Oui, tu sais, à 5h du matin, impossible d’avoir un taxi, et si tant est que j’en aie un après au moins 15 min d’attente téléphonique, il ne serait pas là avant 1h, et ça me couterait plus de 80 €. »

« Et que fais-tu aujourd’hui ? »

« Je serai chez HaveYourWay, tu te souviens, c’est l’association qui coache ces jeunes qui sont sortis de tout système d’enseignement et qui galèrent de petits boulots en désœuvrements. »

«  Tiens d’ailleurs, je voulais te dire, nous avons frappé à la porte du ProDef pour trouver des synergies, ils nous ont dit que c’était intéressant, qu’ils allaient réfléchir, même si ce n’était pas véritablement leur mission… bref, beaucoup de politesse, mais pas d’actions ! C’est tout de même curieux cette incapacité à saisir les opportunités, tu ne trouves pas ? »

«  De fait, avec les PME locales, nous avons un tout autre écho. Avant-hier StartIng a décidé de prendre Anthony en support commercial. Et T-Win  a poursuivi avec Samia son développement d’offres sur LeBonAngle. Et ça marche bien ! La banque est revenue voir T-Win et s’est presque excusée de ne pas bien avoir bien apprécié le business plan il y a un an, elle veut maintenant investir ! Depuis, T-Win a levé les fonds en crowdfounding ! Et chaque actionnaire lui fait un buzz qui élargit chaque jour sa clientèle ! »

« Au fait, tu sais que Serge a vendu sa voiture ? Il n’utilise plus désormais que YesCar ou TalkTalkCar. Et Martha avance sur son projet complètement fou de rendre le quartier du Sol autosuffisant pour sa production d’énergie. Encore impensable il y a un an, ce d’autant que la Ville l’en avait fortement dissuadée. »

« Ah, j’allais oublier, suite à la fermeture du bureau de Poste, Abdel, qui va tous les jours à GrandVille, a monté sa petite boîte de relais colis NextBox : il passe chez toi récupérer les colis, tu peux aussi lui demander de te ramener des courses, il assure pour toi des démarches administratives… Il s’est fait une vraie clientèle auprès des personnes âgées. Et plus de problèmes d’horaires, ni de fermeture le dimanche ou en soirée. Un vrai service ! »

« C’est tout de même incroyable, avec un tout petit coup de pouce de notre part, ils ont tous pris leur envol ! Tu imagines, si toutes les initiatives individuelles de business étaient favorisées par notre environnement ? Finis ces chiffres du chômage aberrants, ces centaines de millions d’euros engloutis dans des monstres comme OnVerra, ces blocages institutionnels ! »

« Ça me fait plaisir de te parler de tout cela. Mais dis donc, j’y pense, tu ne devais pas être au 14 juillet aujourd’hui ? »

Et c’est à ce moment précis que François se trouve emporté et aspiré dans un tourbillon de retour. Il perd à nouveau la vision de tout ce qui l’entoure jusqu’à ce qu’il se réalise debout dans la tribune, sous la grande aile bleu blanc rouge, Manuel à ses côtés.

Ne laissant paraître aucune surprise, il lâche alors à Manuel : « Manuel, vous connaissez Bougeais ? On pourrait peut-être y aller plus souvent… »

Didier Perrin

PS : Comme il se doit, toutes similitudes avec des personnages, des organisations, des entreprises, des situations réelles ne seraient que purement fortuites. Si toutefois cette histoire vous porte à réagir, n’hésitez pas, faites le sur ce blog.

2015, l’année où tout a basculé !

En ce 2 janvier 2015, Philippe s’est levé tôt. Il a décidé d’être à son bureau dans les premiers pour accueillir ses équipes et leur présenter à chacun ses vœux pour 2015. Il faut dire que 2014 a été une des pires années qu’il ait connue…

Lorsqu’il arrive, Matthieu est déjà là. « Bonjour Matthieu, je suis content de te voir. Excellente année à toi ». Philippe est réellement sincère et ne s’attend pas à cette réplique déroutante de Matthieu : « Et tu y crois, toi ? »

Philippe marque un temps d’arrêt. Il revoit en accéléré cette année 2014 où rien ne s’est passé comme prévu : une croissance atone, quantité de petits clients passés en liquidation, la fermeture de 2 sites en province, des grands comptes qui ont exigé des baisses drastiques sur les prix, des gains de productivité trop lents, des équipes épuisées…

Philippe se dit que Matthieu a raison… Et quand Jacques Arrive, il l’accueille avec une autre formule : « Alors Jacques, que vas-tu faire de cette nouvelle année ? »

Septembre 2015 : Philippe, Matthieu et Jacques se retrouvent Gare de Lyon. Philippe a devant les yeux l’article du Business Press « Ils se sont pris EnMain ». EnMain, c’est le nom de l’entreprise qu’ils ont montée quelques mois plus tôt, en écho à ce 2 janvier où ils se sont dit qu’un « Bonne année » devait signifier une bonne année.

Leur idée : se placer en conseil auprès de tous leurs anciens petits clients en difficultés pour les recentrer et leur permettre de se développer sur un marché qu’ils connaissaient bien puisque c’était aussi le leur, et dans une certaine continuité avec leur ancien groupe.

Résultat : 23 petits clients remis sur les rails, du développement de business pour 7 d’entre eux, des emplois préservés et un solde net de plusieurs emplois directs créés !

Et une conviction : une bonne année, c’est une bonne idée !

Alors, bonnes idées 2015 à vous, et qu’elles deviennent très vite réalités.

A très bientôt.

Didier Perrin