La fin de l’année avait été exténuante. J’ai fermé la porte de mon entreprise et je suis parti à Rovaniemi.
A peine arrivé, je vois dans la rue un couple aux couvre-chefs insolites : Madame porte un bonnet péruvien illuminé de petites étoiles clignotantes et Monsieur une chapka aux couleurs de l’Union Jack. C’est sûr, c’est à eux qu’il faut que je le demande.
- Bonjour. Je cherche le Père Noël.
- Le Père Noël ? Mais il nous a quitté il y a quelque temps !
- Mais comment est-ce possible ? On le dit pourtant habiter ici, à Rovaniemi.
- D’où venez-vous donc ? La France ? Ah, c’est un pays magnifique ! Les gens sont si charmants, il y a tant à faire, tant de régions et de villes à visiter. Nous regrettons de ne pas pouvoir y aller plus souvent.
En ce moment, me dis-je intérieurement, il faut avoir un bon prisme pour y déceler des couleurs ! Ce couple n’a sans doute pas entendu parler des grèves qui affectent les transports et rendent la vie impossible.
Le couple aux couvre-chefs insolites se tient devant moi, surpris de mon silence, attendant probablement que mes rêveries s’achèvent pour reprendre la conversation.
- Ah oui, la France…
Il ne faut pas que je perde le fil.
- Mais où le Père Noël est-il donc parti ?
- Il a aussi une résidence secondaire. Et il est curieux que vous ne le sachiez pas, c’est précisément à Paris !
Le Monsieur m’invite à entrer dans la boutique la plus proche pour se protéger du froid intense, sort un petit bout de papier de sa poche, emprunte un stylo à la vendeuse, écrit quelque chose, et me tend le bout de papier.
- Voici son adresse !
Sur le bout de papier, je peux lire : 123, rue Noël.
Retour à Paris.
Il y a bien une rue Noël-Bellay à Paris, mais pas de rue Noël. En revanche, plusieurs villes alentour affichent une rue Noël. Aucune hésitation, j’y vais. Cette période de fin d’année a redonné un semblant de fluidité aux transports.
A la première adresse, un terrain fraîchement nettoyé, sur lequel ont été plantés de tout jeunes sapins. A la seconde, un sol bétonné peint d’un blanc éblouissant. Mais toujours pas de Père Noël.
J’arrête là mes pérégrinations. Et je décide d’écrire au Père Noël à Rovaniemi.
Quelques semaines plus tard, je trouve dans ma boîte aux lettres une curieuse enveloppe ornée de l’Union Jack avec un sceau de cire en forme de chapka. Je l’ouvre immédiatement.
« Très cher hôte français venu sur nos terres à Rovaniemi, merci de ne pas oublier que le Père Noël, c’est pour les enfants ! », voilà ce que me répond Joulupukki, cousin du Père Noël.
Je me dis que c’est finalement une bonne chose. Y avoir cru m’a fait voyager et a enclenché une nouvelle dynamique. Et être rappelé vertement à la réalité me ramène à mon entreprise.
Voici donc ce que je vous souhaite pour 2020 : croire en vos projets avec de la passion, de l’envergure, de l’insolite, et y mettre le bon dosage de réalité pour les faire aboutir.
Finalement, le Père Noël habite bien chez chacun d’entre nous !
Excellente année 2020.
Didier Perrin