En se réveillant à 5h en ce matin du 14 juillet, François pense à cette cérémonie qui l’attend. Chaque année, elle rappelle que la France reste ce pays qui a toujours eu ce rayonnement et cette volonté à l’international, choses qu’elle semble avoir tant de mal aujourd’hui à mettre en pratique sur son propre sol.
François se voit déjà dans la tribune sous la grande aile bleu blanc rouge face à la perspective des Champs-Élysées qui rend le futur plus prometteur…
Et tout à coup, alors que lui reviennent en mémoire ces bons mots sur le changement, il est emporté et aspiré dans un tourbillon. Il est sûr de ne pas perdre conscience, mais n’arrive plus à comprendre ce qui l’entoure, jusqu’à ce qu’il se retrouve dans une pièce au design moderne et presque familière.
Avec prudence, il jette un œil par la fenêtre et peut lire le nom de « Bougeais » sur le fronton de ce qui a tout lieu d’être la mairie. Il croit aussi distinguer cette devise : « Demain, c’est aujourd’hui ! ». Alors qu’il réfléchit à cette devise finalement fort bien inspirée, son fils ouvre la porte.
« Papa ? Bonjour, je suis surpris de te voir ici ! »
« Mais, où étais tu à cette heure ? »
« J’étais chez des amis à environ 40 km, je suis rentré avec AppPop. »
« Ah ! »
« Oui, tu sais, à 5h du matin, impossible d’avoir un taxi, et si tant est que j’en aie un après au moins 15 min d’attente téléphonique, il ne serait pas là avant 1h, et ça me couterait plus de 80 €. »
« Et que fais-tu aujourd’hui ? »
« Je serai chez HaveYourWay, tu te souviens, c’est l’association qui coache ces jeunes qui sont sortis de tout système d’enseignement et qui galèrent de petits boulots en désœuvrements. »
« Tiens d’ailleurs, je voulais te dire, nous avons frappé à la porte du ProDef pour trouver des synergies, ils nous ont dit que c’était intéressant, qu’ils allaient réfléchir, même si ce n’était pas véritablement leur mission… bref, beaucoup de politesse, mais pas d’actions ! C’est tout de même curieux cette incapacité à saisir les opportunités, tu ne trouves pas ? »
« De fait, avec les PME locales, nous avons un tout autre écho. Avant-hier StartIng a décidé de prendre Anthony en support commercial. Et T-Win a poursuivi avec Samia son développement d’offres sur LeBonAngle. Et ça marche bien ! La banque est revenue voir T-Win et s’est presque excusée de ne pas bien avoir bien apprécié le business plan il y a un an, elle veut maintenant investir ! Depuis, T-Win a levé les fonds en crowdfounding ! Et chaque actionnaire lui fait un buzz qui élargit chaque jour sa clientèle ! »
« Au fait, tu sais que Serge a vendu sa voiture ? Il n’utilise plus désormais que YesCar ou TalkTalkCar. Et Martha avance sur son projet complètement fou de rendre le quartier du Sol autosuffisant pour sa production d’énergie. Encore impensable il y a un an, ce d’autant que la Ville l’en avait fortement dissuadée. »
« Ah, j’allais oublier, suite à la fermeture du bureau de Poste, Abdel, qui va tous les jours à GrandVille, a monté sa petite boîte de relais colis NextBox : il passe chez toi récupérer les colis, tu peux aussi lui demander de te ramener des courses, il assure pour toi des démarches administratives… Il s’est fait une vraie clientèle auprès des personnes âgées. Et plus de problèmes d’horaires, ni de fermeture le dimanche ou en soirée. Un vrai service ! »
« C’est tout de même incroyable, avec un tout petit coup de pouce de notre part, ils ont tous pris leur envol ! Tu imagines, si toutes les initiatives individuelles de business étaient favorisées par notre environnement ? Finis ces chiffres du chômage aberrants, ces centaines de millions d’euros engloutis dans des monstres comme OnVerra, ces blocages institutionnels ! »
« Ça me fait plaisir de te parler de tout cela. Mais dis donc, j’y pense, tu ne devais pas être au 14 juillet aujourd’hui ? »
Et c’est à ce moment précis que François se trouve emporté et aspiré dans un tourbillon de retour. Il perd à nouveau la vision de tout ce qui l’entoure jusqu’à ce qu’il se réalise debout dans la tribune, sous la grande aile bleu blanc rouge, Manuel à ses côtés.
Ne laissant paraître aucune surprise, il lâche alors à Manuel : « Manuel, vous connaissez Bougeais ? On pourrait peut-être y aller plus souvent… »
Didier Perrin
PS : Comme il se doit, toutes similitudes avec des personnages, des organisations, des entreprises, des situations réelles ne seraient que purement fortuites. Si toutefois cette histoire vous porte à réagir, n’hésitez pas, faites le sur ce blog.